Le regard de la paix - à propos de l'expo de Myrtille D'un visage à l'autre...

Publié le par Myrtille Photographe

29052009094_27.jpg
Comment comparer sans juger ? Comment se placer de manière juste entre des cultures, des religions et des peuples que tout semble opposer et que la guerre déchire ?

Cette question n'est pas seulement esthétique ou photographique. C'est la question de la paix véritable. Celle qu'il est possible de faire émerger de la compréhension profonde des situations et non cette paix qu'on impose sur le plan extérieur, par les forces de l'ordre ou la puissance des chars.

Ce que l'exposition de Myrtille, D'un visage à l'autre, permets de comprendre, c'est tout d'abord que la paix perce naturellement dès lors qu'on ose se placer en face des êtres et des visages. Certes, pendant un temps, l'esprit continue à s'investir dans l'éternel jeu du «catalogage» et des classifications : les Palestiniens sont plutôt comme ci, les Israéliens comme ça... mais à travers ses photos, Myrtille nous amène avec douceur jusqu'à ce petit choc mental où soudain l'on comprends que sont présents en face de nous, avant tout, des êtres singuliers, avec leurs chemins de vie, leurs fragilités et leurs liens délicats à leurs existences. Ils ne sont plus Palestiniens ou Israéliens, mais des êtres humains dont on peut pressentir le parcours et la façon dont la vie et ses épreuves les ont modelés. C'est alors que la haine peut tomber, s'effondrer comme le château de cartes d'une construction mentale plus fragile qu'il n'y paraissait.

Alors, mais alors seulement, eut commencer le travail d'une comparaison saine entre les êtres, les cultures et les peuples. Car la paix qui naît du regard de Myrtille ne conduit pas à une fade uniformité, mais à la saisie des réalités. On comprends ainsi que ce que montre notamment l'exposition, à travers le jeu entre les photos couleur et celles en noir et blanc, c'est que le choc de ces deux cultures est d'abord une affaire de rencontre des temporalités. Chaque culture a en effet son temps spécifique, son rythme à elle. Établir la paix, c'est donc commencer par chercher le tempo juste entre des univers temporels différents. En figeant les temporalités par la photographie pour les obliger à se tenir côte à côte dans le cadre de l'exposition, Myrtille pousse à cet étrange accord musical des temporalités culturelles qui résonne comme la promesse de la paix.


Grégoire Perra
Professeur de Philosophie
jeudi 7 mai 2009

29052009069_3.jpg

http://gregoireperra.wordpress.com/2012/08/29/2088/

Publié dans L'Exposition

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article